Comment se reconnecter à soi et à l’instant présent ?
Mettre un peu plus de spiritualité dans notre quotidien matérialiste et hyperactif est-il possible ? Affirmatif selon Kankyo Tannier, nonne bouddhiste de la tradition zen. Tout l’enjeu consiste à s’affranchir de mauvaises habitudes cérébrales, où l’on ressasse ses pensées en boucle. Les rituels de Kankyo Tannier vont nous aider à prendre du recul avec notre tête, en étant moins concernés par nos pensées. Voici donc trois d’entre eux, que vous pouvez intégrer dans votre vie quotidienne pour souffler, vous reconnecter à vous-même, et à l’instant présent.
Le rituel de pleine conscience du petit matin
Juste avant de vous lever, prenez un moment pour vous, et asseyez-vous au bord de votre lit, les pieds posés bien par terre, pour vous donner la sensation de vous ancrer. Puis, entrouvrez à peine les yeux, suffisamment pour être conscient de l’endroit où vous vous trouvez. Enfin, commencez à observer, de façon neutre, vos propres pensées. Car oui, à peine réveillés, notre petite voix nous parle déjà. Si vous avez du mal à vous réveiller, n’hésitez pas à vous asperger le visage d’eau fraîche avant de commencer à observer vos pensées.
Ce petit rituel vous fera changer vos habitudes mentales négatives comme : “il pleut, ça va être encore une journée pourrie », ou « ça va être l’enfer dans les transports ». Observée en toute neutralité, la pensée négative perd de son influence sur notre humeur. Se produit, alors, une sensation de légèreté qui nous permet de commencer la journée plus soulagés.
Pour ceux qui éprouvent des difficultés à s’endormir, vous pouvez aussi pratiquer ce rituel au moment du coucher. En prenant du recul avec vos pensées, vous trouverez ainsi un apaisement qui vous détendra, et vous aidera à trouver le sommeil.
Le rituel du stop. Et reprendre ses esprits
Ce rituel du stop consiste à aller s’isoler pour faire une pause dans ce que nous sommes en train de faire, et de respirer en reprenant conscience de notre corps. Stop. Pause, on s’arrête. Une fois dans un endroit calme, posez les mains sur votre ventre, avec douceur, comme si c’était un petit être inoffensif. Respirez et ressentez la respiration qui va et vient, ainsi que le ventre qui bouge. Une minute suffit, debout ou assis.
Toute la clé de cette pratique est de ressentir la respiration, non de penser à respirer, mais de respirer vraiment. En pratiquant régulièrement, vous installerez un ancrage au creux de votre ventre, comme “un espace de force intérieur” auquel vous pourrez revenir dès que besoin.
Si vous êtes du genre à vite vous sentir débordés, utilisez le mot « stop » comme un mantra. Stop, je m’arrête. Stop, je suis là. Et stop, j’écoute les oiseaux ou la circulation en ville. Stop je respire. L’esprit se déconnecte, vous retournez à l’instant présent, et vous calmez votre stress.
Le rituel de réconciliation
Kankyo Tannier rappelle que tout le sens du développement spirituel du bouddhisme consiste à nous amener à être en accord avec ce qui est, et non avec un idéal. C’est cela vivre dans l’instant présent. A certains moments, comme celui d’être devant la mer, les pieds dans le sable, et un cocktail à la main, l’instant présent est délicieux, et nous n’avons aucun mal à le savourer. Mais à d’autres moments, cela s’avère plus complexe. Pour échapper à nos pensées désagréables, nous nous plongeons souvent dans la compensation, comme grignoter, surfer sur internet, enchaîner les séries, ou faire les trois en même temps. Ce n’est malheureusement pas dans les compensations que nous trouvons une porte de sortie face à nos pensées, mais en vivant mieux avec. Pour cela, le rituel de réconciliation peut nous aider. Cela consiste à accueillir nos moments de fragilité. Par exemple, quand vous êtes conscients que vous faites preuve d’égoïsme ou de jalousie, soyez en conscient et sentez dans votre corps quelle partie vous fait mal : le plexus solaire, le ventre ? Imaginez ensuite, apporter un peu de douceur à cet endroit (Kankyo Tannier visualise, pour sa part, une image de coton moelleux). En accueillant notre part de fragilité, nous développons aussi davantage de tolérance pour celles des autres.
En outre, accueillir sa fragilité, c’est se renforcer. Les gens qui fuient leur part de fragilité, et sortent les muscles et les dents dans leurs rapports humains, sont finalement les plus fragiles. En acceptant sa fragilité, on passe du « paraître » à l’« être », et forcément, jouer franc jeu, est plus fortifiant, et libérateur.
Parce que cela demande un certain courage d’affronter des pensées qui nous font mal, terminons avec un dernier petit mantra intérieur, signé Kankyo Tannier, en cas de dure épreuve émotionnelle. Quand vous ressentez une tristesse, ressentez-la et dites-lui : “Ok, d’accord, welcome”. Accueillie, la tristesse partira tranquillement. Faites de même pendant une digital détox, quand votre portable vous manque. Commencez à cerner les sensations physiques désagréables qui vous taraudent, et reprenez le mantra : « Ok, d’accord, welcome. »
Pour aller plus loin : Kankyo Tannier, A la recherche du temps présent, First, 2018
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