On dit qu’être parent est le métier le plus difficile au monde. Aujourd’hui certainement plus qu’hier avec en cause deux paramètres : d’une part, on est dans le brouillard. Entre l’éducation stricte dite «à l’ancienne» et l’éducation donnée aux enfants-rois, on se rend compte qu’aucune de ces méthodes ne marche. Chacune laisse des cicatrices et traces qui viendront gêner la recherche d’épanouissement et de bonheur du futur adulte.
D’autre part, nous vivons dans une société où certaines valeurs et exigences, comme la recherche de performance et compétitivité, empêchent de penser une éducation sereine.
C’est une petite enfance soumise au stress perpétuel, au tournis des activités et à la recherche de résultat. C’est particulièrement vrai dans les milieux aisés, même si beaucoup prennent conscience de la vanité et de l’absurdité de tels paradigmes.
En dépit de ces difficultés, un réel désir anime les parents de rechercher une éducation «bonne et heureuse». Mais peut-on éduquer dans la douceur sans avoir à lever la voix, même quand les enfants se battent, frappent, volent? Ce Graal de l’éducation existe-t-il?
Les nouvelles méthodes éducatives
Oui ce Graal existe selon deux spécialistes.
La première est Marion Sarazin, psychopraticienne, formatrice certifiée en PNL et l’autrice d’ Objectif 100 % bonheur d’être parent grâce à la PNL» (InterEditions).
La PNL, ou Programmation Neurolinguistique, est un outil de communication (verbal et non-verbal) relativement bien connu dans le monde du développement personnel. Il peut s’appliquer à un large champ d’action, allant du monde professionnel ou sportif jusqu’au domaine familial.
La seconde est Léa Didier, psychologue clinicienne et psychanalyste. Son ouvrage «Ça suffit mon amour!» (Albin Michel) répond à une question que tout parent se pose: pourquoi mon enfant teste mes limites?
Comprendre ces motivations c’est comprendre ce que qui se joue dans le cerveau d’un petit. Ce faisant, c’est s’épargner de nombreuses crises de nerf.
Pourquoi les enfants testent nos limites?
Un mythe à déconstruire
Comme le résume Léa Didier, «les petits interrogent les limites non contre nous mais pour eux-mêmes».
S’ils testent nos limites, ce n’est pas pour nous désobéir mais pour répondre à leur plaisir de découvrir, d’apprendre et de comprendre le monde qui les entoure.
Ainsi, de nombreux gestes et expériences sont interprétés à tort par les adultes comme étant des façons de tester leur autorité. Ce sont, en réalité, des outils pour déchiffrer le quotidien, les codes sociaux ou le fonctionnement de ce monde.
Il arrive également que les limites soient franchies tout simplement parce qu’elles ne sont pas comprises.
Jusqu’à ce que les enfants maitrisent parfaitement le langage et que leur cerveau soit enfin formé, leur mode de pensée et de faire diffère de celui des adultes.
Parmi les nombreuses différences entre le cerveau des adultes et celui des enfants, on compte le rapport au temps, la façon d’apprendre et la compréhension d’un interdit.
Dans le cerveau des enfants
Le temps des enfants n’est pas le nôtre. Ils ne savent pas mesurer le temps, seul compte le présent pour eux.
Ainsi, expliquer à un enfant qu’il lui reste 5min ou 30min pour jouer ne veut rien dire pour lui. Il est plus préférable de lui expliquer qu’il lui reste un tour de manège ou le temps de dire au revoir à ses peluches.
La façon d’apprendre
En tant qu’adulte, l’apprentissage suggère d’adopter une posture statique pour se concentrer. Ce n’est pas le cas des enfants car leur concentration et leur apprentissage suivent le mouvement du corps.
Voilà pourquoi ils touchent leur nourriture, jettent leur cuillère par terre (bien souvent pour comprendre la gravitation) ou récitent des tables de multiplication en gesticulant. Savoir à quel point ils ont besoin de bouger pour apprendre évite bien des malentendus.
La compréhension d’un interdit
Intérioriser un interdit est aussi simple pour un adulte que difficile pour un enfant. D’autant plus que le cerveau ne comprend pas la négation. Ainsi, «ne touche pas à l’interrupteur» devient «touche l’interrupteur».
Par ailleurs, pour bien comprendre et intérioriser un interdit, les enfants ont besoin d’une confirmation des parents. Pour cela, ils renouvellent souvent l’expérience devant eux. Ce qui est souvent mal compris des adultes qui y voient un affront.
En résumé, s’il arrive qu’un enfant teste les limites parentales pour exprimer son désaccord, les vrais rebellions et besoin de s’affirmer n’arrivent qu’à la pré-adolescence.
Ces différences entre le cerveau-adulte et le cerveau-enfant expliquent un des principes-phares de l’éducation issu de la PNL: «derrière tout comportement même le plus néfaste, il y a une intention positive».
Détecter une telle intention, tel est le but de la première méthode éducative issue de la PNL.
Quelles méthodes éducatives issues de la PNL appliquer?
La méthode de l’intention positive
Cette méthode repose sur le postulat suivant : aucune méchanceté, bouderie, colère ou violence n’est absurde. Une logique saine est à l’œuvre et un mauvais comportement n’est qu’une illusion qui cache un besoin de l’enfant que nous pouvons tous comprendre. Le besoin de calme, de sécurité, de respect, d’attention, de confiance en soi, de liberté etc.
Rechercher ce besoin est le meilleur moyen pour éteindre un conflit, apaiser durablement son enfant en lui donnant les moyens de s’exprimer.
Prenons l’exemple classique d’une bagarre entre frères et sœurs. Quand les parents veulent y remédier, ils ont souvent recours aux mêmes questions du type «Qui a commencé? Pourquoi? » Mais généralement, ils se retrouvent face à un discours boudeur et concis du type «Parce que». Ou à une flopée d’arguments incompréhensibles et contradictoires pour dissiper sa faute. Personne n’est mieux avancé.
La vraie origine d’une situation est tant le fait de la motivation que de l’intention. Pour le comprendre, testez les questions suivantes :
Quand tu as fait ça, qu’est-ce que tu voulais ?
Qu’est-ce que cela te donne ?
Pourquoi est-ce important ?
Par ce genre de question, vous allez apprendre la motivation à l’origine du passage à l’acte qui peut être : «J’ai fait ça parce qu’il touche à mes jouets et ils sont cassés après.» Une fois que l’on a le véritable problème, on peut envisager une solution.
L’idéal est que l’enfant propose de lui-même une solution, avec votre aide s’il est trop jeune, pour garder ses jouets en sécurité sans qu’il ait besoin de recourir aux coups. Par exemple, il peut les ranger dans un endroit, en hauteur, inaccessible au petit frère ou petite sœur.
La méthode gagnant-gagnant
Si la méthode de l’intention positive concerne avant tout la résolution de crises, la méthode gagnant-gagnant sert plus dans le cadre d’une mauvaise volonté affichée de l’enfant à obéir. Il peut ne pas avoir envie d’aller se laver ou de manger ses courgettes. L’idée ici est d’arriver à faire coopérer l’enfant en faisant naître chez lui un état de désir.
Attention, il y a un ordre à retenir. On doit d’abord évoquer «la récompense» avant de parler du moyen de l’obtenir.
Pour vous faire entendre et dialoguer au mieux par votre enfant, Marion Sarazin préconise de repérer quel est son levier de motivation. On en distingue deux :
Le levier « aller vers » : le moteur principal est la recherche d’objectifs ou de récompenses.
Le levier « s’éloigner de » : ici les récompenses ne comptent pas, et le moteur principal est d’éviter les ennuis.
On peut rapidement deviner le levier de son enfant en l’observant ou par quelques questions anodines. Une astuce infaillible pour le deviner est encore de repérer quel discours est le plus efficace pour inciter votre enfant à travailler à l’école:
Si le moteur de l’enfant est «aller vers», on le motive en lui exposant tous les avantages à bien travailler à l’école. Il peut devenir riche, heureux car il fera ce qui lui plaira.
Si le moteur de l’enfant est «s’éloigner de», le discours sera moins glamour. Il faudra axer sur ses peurs comme ne pas pouvoir s’acheter tout ce qu’il voudra ou faire un métier ingrat.
Ces deux méthodes de PNL peuvent, toutefois, rencontrer des limites avec les plus jeunes. Elles nécessitent que l’enfant maîtrisent suffisamment le langage pour partager ses peurs et frustrations. Généralement, les tout-petits se contentent d’expulser leurs émotions en s’adonnant à une grosse crise de larmes
Que faire en cas de grosse crise de larmes?
En cas de débordement émotionnel
Comme ils sont incapables de se projeter dans l’avenir, ils sont aussi incapables de réguler les fortes émotions, comme contenir une colère qui les submerge. S’en suit une grosse crise de larmes qui les aide à évacuer leurs émotions et à se calmer.
Néanmoins, leur capacité à pouvoir vivre dans l’instant présent peut vous aider en cas de grosse crise de larmes. Il s’agit principalement de les faire sortir mentalement de leur état d’esprit soit en les surprenant soit en les faisant bouger. En modifiant la position de leur corps, ils modifient leur état d’intérieur.
Voici quelques idées :
Les faire danser en mettant la musique à fond
Les faire courir, sauter à cloche pied, taper sur les coussins
Revenu au calme, vous pouvez lui proposer de faire du yoga ou des respirations longues et profondes.
Si jamais ces crises de larmes s’accompagnent d’agressivité (coups de pied, taper ou tout casser), il convient d’aider l’enfant à composer avec ses pulsions.
En cas de pulsion agressive
Pour gérer les pulsions agressives, trois pistes peuvent vous aider selon Léa Didier :
Dialoguer avec l’enfant. Lui faire comprendre que s’il a le droit d’être en colère, il doit ne pas faire du mal aux autres. Interrogez-le, et trouvez ensemble comment il peut évacuer sa colère sans tout ravager. Si l’enfant a moins de 2 ans et ne peut pas échanger, proposez-lui des mots ou des phrases pour qu’il puisse mettre des mots sur ses douleurs.
Le soutenir dans l’apprentissage de la réparation en apprenant à demander pardon, en nettoyant son bazar ou en réparant (s’il le peut) l’objet cassé.
Proposer un défouloir en tapant sur un oreiller, en dansant, en chantant ou en dessinant.
Enfin, s’il est un dernier conseil, c’est celui de prendre soin de soi. Pourquoi cela? Parce que vos enfants le ressentent, lisent et devinent vos émotions, et que cela les impacte inévitablement.
Comme l’a étudié Boris Cyrulnik, notre environnement sculpte notre vie, ainsi : «Ce qui enchante un enfant, c’est le bonheur dans lequel il baigne. Si vous souhaitez son bien-être, travaillez à vous rendre heureux.»
Source : Léa Didier, Ca suffit mon amour !, éditions Albin Michel, 2023
Marion Sarazin, avec la participation de Sophie Oubraham, «Objectif 100% bonheur d’être parent grâce à la PNL, InterEditions, 2020
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