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Publié le 06/12/2023, mis à jour le 05/11/2024
Relations interpersonnelles
Comment gérer les conflits au travail?
Comment gérer efficacement les conflits au travail?
C’est un principe bien établi avant de développer le sujet des conflits au travail: pour maintenir la paix, il faut se préparer à la guerre.
Cette maxime s’applique aussi aux conflits professionnels, où il est crucial de préparer son esprit et de définir clairement ses positions pour ne pas être submergé par les émotions.
Dans cette optique, l’ouvrage de Conflits au travail (Gereso) de Jean-François Thiriet, anciennement connu sous le titre Ni hérisson ni paillasson, apporte des éclaircissements essentiels.
Ancien infirmier spécialisé en psychologie médicale, Jean-François Thiriet est devenu auteur, coach certifié, médiateur et formateur en prévention des risques psychosociaux, intégrant la programmation neurolinguistique dans sa démarche.
Sa méthode vise une préparation holistique aux conflits au travail, englobant les aspects mentaux, physiques, émotionnels et verbaux, pour une gestion complète et efficace des situations conflictuelles.
Commençons par l’aspect émotionnel. Les émotions jouant un rôle central dans les conflits professionnels, transforment un simple problème en une situation complexe et personnelle. Comprendre et gérer ses émotions est donc crucial dans la résolution des conflits.
Comment l’auto-évaluation émotionnelle influence-t-elle la résolution de conflit?
Comprendre et gérer ses émotions durant les conflits
Selon Michael Hall, père de la neuro-sémantique, nos émotions émergent du fossé entre ce que nous désirons et ce que nous obtenons. Lorsque nos désirs correspondent aux résultats attendus, nos émotions sont positives. À l'inverse, si nos désirs ne sont pas satisfaits, nos émotions deviennent négatives. Dans le contexte d'un conflit, nous sommes amenés à choisir entre ajuster la réalité pour qu'elle corresponde à nos attentes ou modifier nos attentes pour qu'elles s'alignent avec la réalité. Les personnes au tempérament «chaud», agressif, cherchent à influencer la réalité pour satisfaire leurs attentes, tandis que les personnes plus défensives peuvent réduire leurs attentes pour mieux accepter la réalité. Aucune de ces deux stratégies n'est meilleure que l’autre; le choix dépend du contexte spécifique du conflit. Toutefois, il est souvent conseillé de d'abord essayer d'ajuster la réalité pour répondre à ses attentes, puis d'accepter ce qui ne peut être modifié. Cela évite de penser qu'on ne peut rien changer, qu'on peut tout changer, qu'on doit tout accepter, ou qu'il n'y a rien à quoi renoncer dans un conflit. Cette perspective permet de mieux comprendre les responsabilités partagées dans un conflit et d'éviter les pièges du blâme mutuel et de l'impuissance.Techniques pour apaiser les émotions
Canaliser ses émotions dans un conflit nécessite une compréhension de leur intensité et de leur durée. Évaluer l'intensité émotionnelle sur une échelle de 0 à 10 peut aider à déterminer le moment opportun pour engager ou différer la résolution d'un conflit. Par exemple, une émotion d'intensité 8 indique qu'il est préférable de se calmer avant de s'engager. Cette prise de conscience est la clé pour aborder les conflits avec une perspective plus claire et éviter le risque de réactions impulsives. Bien que les émotions ne puissent être modifiées directement, leurs manifestations physiques peuvent être influencées. Les exercices de méditation et de respiration fonctionnent bien pour ceux motivés par la peur, tandis que les exercices de libération émotionnelle sont plus adaptés à ceux motivés par la colère. Voici un exercice: dos droit, inspirez profondément, et levez les épaules tout en contractant les mains, les avants bras et les bras. Gardez l’air dans vos poumons pendant au moins 7 secondes, puis relâcher tout d’un coup en expirant profondément. Refaites l’exercice en contractant cette fois-ci aussi votre visage.Comprendre les émotions de ses interlocuteurs
Écouter activement les émotions de nos interlocuteurs est également une compétence clé dans la gestion des conflits. Cela implique de se mettre à leur place et de comprendre leurs sentiments. Reconnaître et valider l'émotion de l'autre peut transformer le déroulement d'un conflit. Poser des questions ouvertes, telles que "qu'est-ce qui est important pour toi dans cette situation?", peut aider à découvrir les motivations sous-jacentes de l'autre. Par exemple, comprendre que le retard répété est interprété comme un manque de respect peut éclairer la réaction émotionnelle de l'autre. De tels interrogations permettent non seulement de comprendre l'autre, mais aussi de démontrer un respect et une considération sincère pour ses sentiments, facilitant ainsi la recherche de solutions mutuellement acceptables. Enfin, il est essentiel de s'occuper de ses propres émotions et blessures après un conflit. Les conflits peuvent réveiller des blessures passées, nécessitant un processus de guérison personnelle. Cela peut impliquer l'écriture de ses pensées et sentiments, ainsi que la recherche de soutien si nécessaire. Il s'agit d'un voyage vers une compréhension plus profonde de soi et vers l'acceptation de ce qui ne peut être changé. En traitant nos propres émotions de manière proactive, nous développons une résilience émotionnelle qui nous fortifie dans nos interactions futures. Cette gestion émotionnelle ouvre la voie sur la préparation mentale.Comment se préparer mentalement pour résoudre les conflits au travail?
Comprendre le problème sous-jacent et les biais cognitifs
Se préparer mentalement au conflit consiste déjà à mettre de l’ordre dans son mode de raisonnement. Cela consiste déjà à prendre garde aux biais cognitifs susceptibles de créer des erreurs de jugement ou de raisonnement, dont les principaux en cas de conflit sont:- Le biais rétrospectif: la croyance que l'événement était prévisible après coup.
- Le biais de rebond: l'amplification d'une pensée lors de sa tentative d'évitement.
- Le biais de confirmation d'hypothèse: la préférence pour les informations confirmant nos croyances.
- Le biais d'attribution est très commun dans les conflits interpersonnels. Par ce biais, on attribue les comportements d'autrui à leur personnalité (c’est un fainéant), tandis que nos actions sont justifiées par des circonstances extérieures (le bureau est bruyant).
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Niveau 1 : le conflit intergroupe avec une entité externe.
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Niveau 2 : le conflit interpersonnel avec un proche.
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Niveau 3 : le conflit intrapersonnel, c’est-à-dire avec soi-même.
Évaluer ses stratégies
Face aux situations professionnelles, nous adoptons cinq stratégies:-
L'évitement
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La compétition
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Le compromis
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L'accommodation
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La collaboration
Clarifier l'objectif
La gestion efficace d'un conflit au travail commence par une clarté d'objectif en distinguant les objectifs des enjeux. L'objectif est ce que nous cherchons à accomplir directement dans la résolution d'un conflit. C'est la solution ou le résultat spécifique que nous visons. Par exemple, un objectif pourrait être de parvenir à un accord sur la répartition des tâches au sein de l'équipe. Les enjeux sont les conséquences ou les avantages que nous espérons obtenir en atteignant nos objectifs. Par exemple, dans le même conflit au travail, les enjeux pourraient inclure une meilleure harmonie d'équipe et une augmentation de la productivité. Le diagramme d'Ishikawa, également appelé diagramme des 5M, permet également de clarifier les objectifs et d’identifier les causes profondes d'un conflit. Les 5M représentent les cinq catégories de causes possibles:-
Les méthodes
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Le milieu
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La main-d'œuvre
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Le matériel
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Le management
Quelles postures adopter pour favoriser une communication constructive lors des conflits?
L’art du langage corporel
Le langage corporel est un pilier fondamental de la résolution des conflits. Elle vise à établir une cohérence entre nos pensées, nos émotions, notre comportement, notre voix et nos mots, renforçant ainsi la confiance en soi et la crédibilité. Il est, évidemment, impossible de prescrire des comportements spécifiques ou à imposer des règles strictes. Au contraire, une bonne communication corporelle repose sur l'authenticité, et donc la spontanéité. La difficulté consiste donc à rester fidèle à soi-même tout en adaptant sa communication corporelle pour atteindre ses objectifs de résolution de conflit. Comment faire? Lors d'un conflit, deux personnes peuvent adopter des stratégies opposées. L'une peut choisir l'attaque, se manifestant par un regard dominant, une posture rigide et une voix forte. L'autre peut opter pour la fuite et l'évitement, avec un regard fuyant, des épaules tombantes et une voix hésitante. Ces expressions corporelles envoient des messages puissants à l'interlocuteur. La clé réside dans la recherche d'un équilibre entre ces extrêmes. Imaginez-vous alternant entre les postures d'attaque et de soumission, progressivement en quête d'un équilibre subtil. Cette démarche aboutit souvent à une posture stable, où le poids est équilibré sur les pieds, les genoux sont déverrouillés pour relâcher les tensions, et la colonne vertébrale est droite sans être tendue. Cela crée un équilibre subtil entre tension et détente, favorisant une communication efficace.Les deux signaux non verbaux importants
Deux éléments non verbaux revêtent également une importance cruciale dans la résolution des conflits. Tout d'abord, la respiration, qui est un indicateur de nos émotions. Chaque émotion, qu'il s'agisse de joie, de tristesse, de colère ou de peur, se traduit par des variations dans notre rythme, notre hauteur et notre amplitude respiratoire. Une respiration rapide et superficielle accompagne généralement des émotions fortes, signalant un niveau de stress élevé. En revanche, une respiration plus basse, lente et profonde indique un retour au calme émotionnel, favorisant la maîtrise de soi. L'autre élément crucial est la synchronisation des comportements. En situation de conflit, les comportements et les postures des personnes en opposition impliquent souvent leur désaccord. Cependant, au fur et à mesure que le conflit se résorbe, une plus grande synchronisation des comportements se manifeste, signalant une résolution progressive. Ces aspects non verbaux, tels que la respiration et la synchronisation des comportements, sont des indicateurs précieux du chemin vers la résolution d'un conflit. Ils ont souvent plus d'impact que les mots pour montrer que les parties sont en phase et prêtes à résoudre le problème.Un environnement propice à la paix
Lorsqu'un conflit surgit, quelques réflexes sont à adopter pour favoriser une communication constructive. Tout d'abord, isolez-vous, éloignez-vous du lieu où le conflit a pris naissance. Cette démarche rompt la dynamique conflictuelle et crée un espace propice à la discussion. Ensuite, l'assise est préférable. Adopter une posture assise permet de détendre les jambes et de soulager les tensions dans le dos, créant ainsi. Des études ont même montré que le choix de la chaise et de son confort peut influencer positivement les comportements en faveur de la négociation et des compromis. Enfin, évitez le face-à-face et privilégiez une disposition côte à côte lors des discussions, notamment autour d'un bureau. Cette disposition favorise une atmosphère de collaboration plutôt que de confrontation. En créant un environnement favorable, vous maximisez les chances de résoudre le conflit de manière positive et constructive, tout en facilitant une communication ouverte et apaisée. Il reste une dernière étape: la préparation verbale. Comment choisir les mots, le ton et l'expression adéquates lorsque la situation devient tendue?Comment maîtriser les conflits au travail par une meilleure préparation verbale?
Comprendre les racines des conflits au-delà de la communication
Souvent, le vrai problème d'un conflit au travail ne réside pas tant dans le sujet du désaccord que dans la dynamique entre les personnes impliquées. Par exemple, si une équipe diverge sur la manière de mener un projet, le conflit , en apparence technique, peut en fait refléter un manque de confiance ou de respect entre les collègues. Il y a souvent, au-delà des objectifs apparents, des attentes plus profondes liées aux relations et à l'identité, telles que «comment veux-je être traité?» ou «quelle image de moi veux-je donner?». Des questions qui impliquent l'identité et au besoin de reconnaissance. Afin d’éviter d'aggraver les conflits au travail, il est essentiel de laisser de côté des attitudes comme l'autorité excessive, les jugements hâtifs et les justifications inutiles. Mieux vaut se concentrer sur des compétences de communication efficaces, telles que l'écoute active, le feedback, la reformulation pour montrer qu'on a compris, parler clairement et simplement et rester concentré sur des solutions pratiques.Techniques de désescalade face à l’agressivité
Un moment particulièrement tendu dans tout conflit professionnel survient lorsque l'une des parties, submergée par l'émotion, commence à crier, menant à un affrontement direct. Comment gérer la situation avec tact? Si lors d'une réunion tendue, un collègue commence à élever la voix en réaction à un commentaire, une technique efficace consiste à ajuster simplement votre propre volume de voix pour correspondre au sien, avant de revenir rapidement à un ton calme et posé. Cela aide non seulement à attirer l'attention de la personne, mais aussi à démontrer votre volonté d'engagement sans escalade. Utiliser le prénom ou le nom de la personne est une autre stratégie pour capter et maintenir son attention. Par exemple, dire calmement, «Jean, je vois que ce sujet te passionne. Parlons-en de façon plus posée». Cela montre que vous reconnaissez sa frustration tout en permettant de maintenir une atmosphère calme. Si l'agressivité devient trop intense, il peut être sage de proposer de reporter la discussion. «Que dirais-tu si nous prenions une pause et reprenions cette conversation demain ?» Bien que cette approche nécessite une maîtrise de soi et de la pratique, elle est efficace pour désamorcer les conflits intenses.Exprimer sa colère de façon juste
Pour ce nouvel et exigeant exercice de maîtrise de soi consistant à freiner la colère qui grandit, voici les réflexes à travailler:- Dans une réunion tendue, respirez profondément avant de répondre à une provocation, pour vous préparer à une réaction plus soignée.
- Présentez objectivement les faits avec des exemples concrets. Par exemple, remplacez «tu ignores mes idées.» par «mes suggestions lors de la dernière réunion n'ont pas été discutées». Cela consolide votre crédibilité.
- Exprimez ensuite clairement vos sentiments et besoins. Utilisez un vocabulaire précis pour décrire vos émotions, comme « je me sens frustré et dévalorisé » au lieu de «je suis énervé».
- Si vous vous sentez négligé, exprimez-le constructivement: «je me sens mis à l'écart quand mes idées ne sont pas considérées. Pourquoi n'ont-elles pas été prises en compte?»
- Formuler vos besoins de manière positive. Des termes comme «serait-il possible de...» favorise la recherche de solutions.
Comment les managers peuvent-ils faciliter la résolution des conflits entre collaborateurs ?
Anticipation et rectification des comportements perturbateurs
La clairvoyance managériale réside dans la capacité à détecter et à corriger les comportements problématiques avant qu'ils ne se muent en conflits ouverts. Discerner les incidents isolés des tendances comportementales est également primordial pour préserver l'harmonie et la sécurité morale au sein de l'équipe. Jean-François Thiriet propose un protocole en six étapes pour gérer les incidents:-
Exposition factuelle
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Ouverture au dialogue
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Impact et Répercussions
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Sollicitation de la Perspective
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Proposition de Changement
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Évaluation de l'Échange
Gérer les conflits interpersonnels
Pour une réunion de résolution de conflit fructueuse, une préparation individuelle minutieuse est essentielle. Voici les étapes clés de cette préparation :-
Une rencontre Individuelle
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Un accord sur le cadre de la réunion
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Début de la réunion
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Échange sur les comportements identifiés
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Discussion et accord
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Suivi
Source : Jean-François Thiriet, Conflits au travail, Gereso, 5e édition, 2023
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Publié le 06/12/2023, mis à jour le 05/11/2024