Avec la boulimie, l’anorexie est le trouble du comportement alimentaire qui nous est le plus familier.
Partout, il est entendu que l’anorexie est due à un problème relationnel avec l’environnement familial ou est la conséquence d’un refus de grandir et d’assumer sa féminité.
De même, il semblerait que l’anorexie soit un mal incurable ; on n’en guérit jamais totalement.
Ces faits ne sont rien d’autre que des préjugés grotesques selon Camille Cellier, ex-anorexique, aujourd’hui enseignante de lettres modernes-cinéma.
Dans son ouvrage « Guérir de l’anorexie » (Odile Jacob 2021), véritable coup de gueule, la jeune femme revient sur ces différents préjugés et dénonce des soins hospitaliers aussi archaïques que scandaleux.
Hôpital on est mal
Camille Cellier ne s’est jamais faite soigner à l’hôpital, alors même qu’elle pesait tout juste 27 kg. Incontestablement, elle a frôlé la mort mais a préféré s’en sortir seule en tâchant de retrouver goût à la vie, avant de retrouver goût aux aliments. Ce qui s’est produit en moins d’un an et demi.
L’expérience des soins à l’hôpital lui a été rapporté par divers patients anorexiques, dont les témoignages font tous références à différentes méthodes et comportements à la limite de la maltraitance :
Gavage
Sonde nasogastrique (appareil visant à apporter directement les nutriments dans le tube digestif).
Accès aux toilettes restreintes ou ouvertes à tous (de peur que les patients vomissent leur repas)
Absence de thérapie efficace
Chantage (pour 100g de repris, un livre est permis. Pour 500g, c’est l’accès au jardin qui est autorisé).
Interdiction de voir ou de communiquer avec sa famille.
En conséquence, le séjour hospitalier est plus traumatisant que bénéfique. Si les personnes trouvent la force de guérir dans de telles conditions, elles puisent leur ressource dans des terreaux qui n’amènent aucune guérison durable :
« Nombre d’anorexiques bâtissent leur guérison à l’hôpital sur leur désespoir, leur haine des soignants, la revanche à prendre sur l’hôpital broyeur de vie, l’aigreur envers leurs proches pro-hospitalisation. »
Ces « soins » hospitaliers s’expliquent aisément par les difficultés auxquelles l’hôpital public est contraint. Tout manque : le matériel, le personnel, les salaires et surtout des formations solides pour tous.
Ce n’est pas notre propos ici d’accabler davantage un système à l’agonie. Mais plutôt de contribuer à apporter un regard nouveau et plus juste sur les anorexiques et l’anorexie.
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