Pourquoi il est difficile d’être soi-même en groupe?
Grand sujet du développement personnel, être soi-même avec les autres est loin d’être évident.
Il est même parfaitement normal de ne pas être à l’aise en groupe. Pour le cerveau, nous nous exposons effectivement aux plus graves des dangers que sont l’inconnu et le jugement des autres. In fine, on s’expose (ou on pense s’exposer) au risque de la mésestime de soi, du ridicule humiliant, et dans le pire des cas, de l’exclusion du groupe.
En groupe, nous oscillons souvent entre deux attitudes extrêmes:
L’effacement avec la volonté de plaire à tout (ou tout du moins au plus grand nombre).
La franchise frontale, où l’on se montre 100% transparent.
Quelles sont les limites de ces deux modes d’être?
Doit-on être entièrement soi-même avec les autres?
Dans le Misanthrope de Molière, Alceste et Philinte incarnent deux manières de se comporter en société, et à la cour plus précisément.
Le premier, Alceste le misanthrope, exige «qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur, on ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.”
Alceste exprime un idéal de comportement, qui est celui d’être vrai, entier, soi-même à 100%. Ce qui demande de dire tout ce que l’on pense, même si cela ne plaît pas toujours. Pour Alceste, s’employer à être honnête avec les autres, à laisser tomber le masque, c’est faire preuve de sincérité et de respect à leur égard.
Mais, les mœurs de la cour versaillaise étant ce qu’elles sont, son idéal est bien naïf. Voire même complètement hors de la réalité de la cour. N’acceptant pas ce qui est, Alceste s’enfonce dans son intransigeance et son intolérance, au point de s’isoler.
Pour le misanthrope, s’adapter, prévaloir les idées et les opinions des autres, dans le but de garantir la paix sociale, c’est être un lâche.
Alors que pour Philinte, s’adapter, faire preuve de pragmatisme dans son comportement et ses propos, c’est bien au contraire faire preuve de sagesse et d’intelligence.
Philinte tient un langage franc et sincère à Alceste, qui le lui demande. Mais à la cour, il s’adapte aux coutumes et rituels sociaux.
D’ailleurs, Philinte fait remarquer à son ami que son franc parlé systématique ne contribue qu’à le ridiculiser. Ses agressives revendications de sincérité n’ont aucun effet, bien au contraire. Contre le nombre, on ne peut pas grand-chose. La fin du Misanthrope, est d’ailleurs marquée par la victoire du pragmatique Philinte.
Mais attention à ne pas tomber dans une autre extrémité: l’effacement.
Comment s’adapter aux autres sans jouer un rôle?
Doit-on tout copier, tout mimer pour s’adapter? Doit-on présenter une fausse meilleure version de soi-même et s’effacer? Bien sûr que non, sinon ce n’est plus être soi.
Cependant, si vous êtes aussi dans cette démarche, il est intéressant de comprendre d’où vient cette tendance au mimétisme.
Reprendre des codes verbaux ou des attitudes n’est, en effet, pas anodin. Cela veut dire que l’on recherche l’acceptation avant tout, l’envie de plaire et d’être aimé. Cela fait partie des principaux besoins de l'être humain.
Ce besoin d’être intégré, inconscient souvent, est révélateur d’une certaine enfance. Celle où les parents ont fait sentir à l’enfant qu’il fallait adopter un certain type de comportement sous peine d’être rejeté.
C’est dire, si au final, être soi-même avec les autres relève de l’art de l’équilibriste.
Si nous avons un côté caméléon, nous nous devons de nous défaire du besoin d’appréciation des autres, de la peur d’être rejeté(e)s par eux. Sans cet effort, comment se faire de vrais amis ou nouer des relations de qualité ? Dépasser cette peur est essentiel.
Être soi-même avec les autres est donc un exercice subtil où nous montrons patte blanche, sur qui nous sommes et ce que nous pensons. Mais nous devons aussi être attentifs à nos interlocuteurs, être capables de comprendre avec qui on est en interaction.
C’est en acceptant les règles et en le montrant, que nous sommes ensuite acceptés avec toutes les singularités qui nous caractérisent.
Comment ne plus avoir peur du regard des autres?
Pour ne plus avoir du jugement des autres, la première clé est de se rappeler que ceux qui jugent ne sont pas les plus heureux. Ils ne s’aiment pas et supposent que ce sentiment est partagé par tout le monde.
Leurs attaques et leurs jugements reposent sur une double motivation:
Ils attaquent pour se protéger de la désaffection à leur endroit.
Ils concentrent leur attention sur l’autre pour éviter d’avoir à se confronter à leur mal-être.
La seconde clé pour dépasser le regard et le jugement des autres est d’avoir confiance en soi. En plus d’apprendre à faire confiance à la petite voix à l’intérieur de soi et en la justesse de ses choix de vie pour soi.
Ces aptitudes se travaillent:
Dresser la liste des raisons qui vous ont poussé à faire des choix qui vont susciter des remarques. Cela confortera le bien fondé de vos choix et vous préparera à la riposte en cas de jugements.
Faire le tri des remarques. Quoiqu’en dise la bien-pensance, toutes les remarques ne sont pas égales dans leur pertinence.
Il ne s’agit pas d’être sourd aux conseils, mais de savoir être lucide sur leurs intentions. Les proches les plus frileux ou les plus prudents ont, effectivement, tendance à nous communiquer leurs peurs.
Enfin, restez positif. Évitez de faire des suppositions en anticipant la réaction des autres à notre égard, qui peuvent se révéler complètement fausses.
Plus vous serez sûr de ce qui est juste pour vous, plus l’opinion des autres passera au second plan. Plus précisément, seule l’opinion des gens qui sont sincèrement de votre côté vous suffira pour croiser sereinement le regard d’autres personnes.
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